samedi 27 décembre 2014

Le Sorgho Rouge: le récit fondateur d'un vin chinois

Le Sorgho Rouge (Zhang Yimou, 1987): le vin de sorgho, source de vie et de résistance


Le Sorgho Rouge est l'un des premiers films de Zhang Yimou, nom le plus célèbre des cinéastes de la "5ème génération" chinoise. Il fut récompensé par l'Ours d'Or au festival de Berlin.

Le film raconte l'histoire du jeune femme pauvre de la province du Shandong, Jiu Er, dont le mariage est arrangé avec un vieil homme, propriétaire d'un domaine viticole de la région. Une situation peu enviable pour la jeune femme incarnée par Gong Li, d'autant que le vieil homme est lépreux. La première partie du film - la partie dramatique - met en scène le départ de Jiu Er transportée en chaise à porteurs par les employés de la propriété, et se termine par une scène d'amour en plein champ de sorgho entre la jeune femme et Yu Zhanao, un employé au caractère bien trempé.

Dans les deux parties suivantes du film, le Sorgho devient un élément central : le vin de Sorgho dont la couleur est rouge est à la fois un symbole de la volonté de vivre et de la violence subie par les protagonistes.

Le vin de Sorgho comme source de vie


La deuxième partie du film, plus heureuse, s'ouvre sur la mort du mari de Jiu Er, qui hérite alors du domaine viticole. Elle va alors s'attacher à redonner leur fierté aux employés du domaine et insuffler une nouvelle vie à la production de vin de Sorgho du domaine. Dès lors, le vin de sorgho joue un rôle central dans l'histoire du film, car il soude les hommes et donne toute sa force et sa joie à la vie en communauté. L'importance des rôles dans la communauté - notamment celle du maître Luohan, responsable de la production - sont directement lié à la maîtrise du savoir-faire vinicole.

La scène de la célébration rituelle en l'honneur du dieu du vin, interrompue par un Jiang Wen totalement ivre est un moment clef du film, à la fois dramatique et comique.
Le moment où le maître distillateur LuoHan goûte en cachette le vin dans lequelle Jiang Wen a auparavant uriné, pour réaliser qu'il est ainsi devenu le meilleur millésime jamais produit sur ses terres, est réellement jubilatoire.



Le vin de Sorgho, comme catalyseur de résistance


Dans la dernière partie du film, la communauté subit les violences des envahisseurs japonais, qui occupent la province du Shandong dès 1937. Le champ de sorgho reste pratiquement le seul décors dans lequel se joue la fin du film, comme le témoin silencieux du destin tragique des hommes. La destruction du champ par les Japonais, qui souhaitent construire une voie ferrée, est aussi un parallèle symbolique avec la violence subie par les hommes.

Face à la cruauté des militaires japonais, Jiu Er décide d'organiser la résistance de ses hommes. Pour catalyser leur volonté de revanche, et dissiper leurs peurs, elle les rassemble à nouveau autour du vin de Sorgho, pour un dernier rituel avant l'affrontement. Le ton tragique et le sens donné à la communion contrastent avec la précédente scène de célébration du vin, et en font le point culminant de l'intensité du film.

 

A propos du vin de sorgho dans la province du Shandong


Le vin de sorgho produit dans la province du Shandong tel qu'il est représenté dans le film pourrait être une forme d'erguotou (二锅头). Ce dernier s'apparente au Maotai, mais sa qualité est nettement moins élevée et le processus de fabrication moins exigent. Il s'agit cependant du baijiu le plus populaire.


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